La pierre de la cathédrale
Origine géologique
C’est un calcaire lacustre alvéolaire à grain fin d’une densité de 2,7 tonnes au m3 (même densité que le marbre ou le granit).
Ce calcaire a été déposé entre 23 et 20,3 millions d’années (Aquitanien période tertiaire) dans un bas-fond marécageux et lacustre localisé sur les marges d’un grand ensemble dit du « lac de Beauce ».
Le climat pouvait être de type tropical semi-aride avec des périodes de forte pluviosité alternant avec des assèchements saisonniers sous de fortes chaleurs.
Aucun fossile n’a été retrouvé dans la pierre de taille de Berchères mais leur présence dans l’environnement géologique proche (ex : Prasville et autres gisements) témoignent du caractère lacustre de la roche (limnées, planorbes, escargots, etc…).
La surrection (soulèvement lent) du massif alpin a entrainé l’élévation importante de l’ensemble du bassin parisien. Ainsi, depuis 20 millions d’année, le calcaire de Berchères, hors d’eau, se trouve soumis aux phénomènes d’érosion.
Durant cette longue période se succèdent des phénomènes de fissuration de la roche (formation de cavités), puis d’apport de calcite (calcaire dissout par l’eau de pluie acide) qui obture ces mêmes cavités.
Au quaternaire, les différentes périodes glaciaires, par des phénomènes de gel-dégel (gélifraction) ont fracturé la roche superficielle.
Avec le retour d’un climat tempéré, les vents froids ont apporté de fines poussières qui ont recouvert la roche au fil des millénaires et ont constitué le loess, limon fertile qui fait la richesse de la Beauce.
Cette histoire géologique complexe a permis de conserver à faible profondeur une couche de calcaire dur, très dense, de 2 à 4 m d’épaisseur aux caractéristiques mécaniques remarquables.
Qualités principales
- Résistance énorme aux pressions verticales (écrasement)
- Non gélive une fois séchée après son extraction
- Insensible aux « maladies » de la pierre (lèpre, salpêtre…)
- Se polit facilement (marbre de Beauce) et se colore légèrement (jaune beige) et durcit au fil des années
« Cette pierre de taille magnifique qui traverse les siècles avec allégresses » comme le dit Y.M. Froidevaux, faisait dire à André Martin, marbrier à Chartres, compagnon du devoir du tour de France : « sur un tel sujet nous ne taririons pas d’éloges. Nous admirons une belle pierre comme un paysan admire une belle récolte ».